C’est dans le train que je subis cette drôle d’histoire
Un fruit de l’imagination plein de pouvoir
Il s’agit de ce que je vis sur la fenêtre
Et l’effet, croyez moi, de mon oeil devint maître
La source de ce dessin : sur la place juste devant
En effet, c’était une fille comme il y en a tant
Et quand elle s’est assise, je n’ai rien remarqué
Pensais-je : « ni trop moche, ni dotée d’une grande beauté »
Mais dès la première illusion sur la fenêtre
D’un coup, un fou bouleversement je sentis naître
De suite, déconcerté, je perdis contenance
Lecture ? déconcentré, je perdis la patience
Voulant s’échapper d’une blanche chemise bien tendue
C’est l’image d’un sein parfait qu’attrapa ma vue
Aussitôt j’aperçus qu’elle jouait de son doigt
Tordant et retordant ses cheveux devant moi
Et ainsi que d’abord m’attrapa son beau sein
La deuxième raison de ma folie fut sa main
Son mouvement, étroitesse, délicatesse et sa forme
Me plongèrent dans le rêve comme du chloroforme
Voulant échapper la fantaisie des images
Cherchant éviter la puissance de leurs ravages
Je changeai de côté, je rouvris mon ouvrage :
« Désormais je voudrais lire au moins quelques pages »
Malheur ! car une nouvelle perspective me saisit
Ébloui par son ventre et ses hanches : « je péris ! »
Oh demoiselle ! j’espère que cela ne vous vexe
Hélas ! sous votre ceinture devinai-je votre sexe
« J’aimerais, tout d’un coup, transpercer cette fenêtre
Abandonner mon corps, dans votre monde apparaître
Pourtant, je n’irais sûrement pas vous faire la cour
Plutôt, j’irais directement vous faire l’amour ! »
Tout d’un coup je me levai voulant faire un tour
« Vite, fuyons l’illusion, dernier recours : je cours ! »
Mais aussitôt m’a sauvé une vision réelle
Je ne fus point ému par son corps matériel
Je vous laisse ces humbles vers, du tout malhonnêtes
Car grâce à vous pour un instant je fus poète
« Merde ! on appelle mon arrêt, l’élan est perdu ! »
Tant pis, je descendis, quel destin saugrenu.